II - Vies-à-vies
 

 

  Trop c’est trop
 

La coupe est pleine, dis-tu
Elle était pleine depuis toujours
L’amour a fait place à la haine
Le jamais au toujours
La migraine à la veine

La coupe est pleine, dis-tu
Pleine de grâce et de velours
Plaine de glaces et de vautours
On a remplacé
Le pourquoi au comment
Le qui au où

La coupe est pleine, dis-tu
Et je n’y ai que trop bu.

 

***

 

Fracture

 

Elle n’est pas faite de chêne
De ces bois qui traversent le temps
Avec des écorchures superficielles
Creusées par les vents.

Si elle était faite de chaînes
Cela l’empêcherait peut-être de se briser
Car elle est faite de verre
Os poreux et tendres cavités.

Elle se croit en chêne
Déchaînée
Comme si son passé se mêlait à ses veines
Une fuite en avant
Chute libre dans le présent
Oppressée
Genou, côtes, bras et poignets
Si l’on pouvait les attacher…

 
***